La Trilogie de Sebastián Dun, Ricardo Colautti

La Trilogie de Sebastián Dun, Ricardo Colautti

La_Trilogie_Sebastian_Dun

Traduit de l’espagnol par Guillaume Contré, Editions de l’Ogre, 200 pages

3,5/5

La Trilogie Sebastián Dun se lit d’une traite (autant que faire se peut pour ma part) en trois étapes. Sebastián Dun, La conspiration des concierges, Imagineta. On retrouve le personnage éponyme du titre de la première nouvelle dans les deux autres. La vie de ces personnages faites de ratages et d’incompréhension, est comme survoltée. On peut penser à Saer. Peut-être à Svevo aussi d’une certaine manière. On ne peut que remarquer un fil rouge de plus en plus étrange et déconcertant du triptyque. La prose nerveuse et drolatique de Colautti est contagieuse, ce qui donne une impression d’un tour de force, un coup de génie, mais peut-être pas d’une si grande portée pour que la mémoire le transforme et s’en nourrisse. Je ne peux pas savoir de quelle manière je vais m’en souvenir, peut-être comme d’une excellente fête, mais monstrueuse sur les bords.

« Tu portas ta main à terre et en tira une vipère verdâtre. Tu l’enroulas autour de nos cous et nous nous embrassâmes ; et après nous être embrassés un bon moment tu me dis : « C’est ainsi qu’on s’embrasse dans la forêt. » A cet instant, la vipère essaya de me mordre et je fis un bond en arrière. Je tombai sur une fourmilière géante. Avec un bout de bois, je fis un trait sur la terre noire. Les fourmis marchèrent en ordre en suivant le trait. A mesure qu’elles ingéraient de la verdure, leur poids et leur taille augmentaient. Les pas des fourmis transformaient la forêt en désert. Je continuai de courir avec le bout de bois. La forêt s’acheva, le désert s’ouvrir et derrière moi il y avait également le désert qu’avaient laissé les fourmis. Le soleil ouvrait des crevasses si profondes que la vue se perdait dedans. La poussière se fourrait dans mes yeux. Je la serrai avec les dents, un jet d’eau chaude en gicla. Il ne parvint pas à toucher la terre, car il s’évapora et forma un nuage au-dessus de ma tête ; il plut et les gouttes s’évaporaient avant de toucher terre. »

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