Chârulatâ, Rabindranath Tagore

Chârulatâ, Rabindranath Tagore

Charulata

Traduit du bengali par France Bhattacharya, Editions Zulma, 128 pages

3,5/5

L’air de rien, d’énormes malentendus voltigent au-dessus des têtes de cette famille. A commencer par cette naïveté de Bhupati, qui croit que des liens censément engagés par un mariage vont de soi, et qu’il nécessite pas d’être présent pour que ces liens ne se délitent pas. Châru et Amal s’attache entre eux, mais l’une par idéalisme et l’autre par désinvolture. Le récit se passe bien d’analyse, tissant tranquillement sa toile en proposant à son lecteur quelques moments de la journée, quelques mouvements, quelques paroles, l’expression de sentiments ou de ressentiments de l’un ou de l’autre partagés avec le lecteur, mais pas avec les autres personnages.

Bhupati se glorifiait de ne rien comprendre à la poésie. Toutefois, même s’il n’avait pas lu jusqu’au bout les écrits d’Amal, il éprouvait pour lui de l’estime. « Il n’a rien à dire, pensa-t-il, et pourtant il enchaîne les mots les uns aux autres. Moi, j’en serais incapable, même en me tapant la tête. Qui aurait pu imaginer qu’Amal en était capable ! » L’époux de Châru ne se considérait pas comme un fin lettré mais il n’était pas pour autant avare envers les belles lettres. Il donnait aux écrivains pauvres de quoi faire imprimer leurs livres à la seule condition que leurs ouvrages ne lui soient pas dédiés. Il achetait tous les hebdomadaires et les mensuels en bengali, grands et petits, connus ou inconnus, lisibles ou illisibles. « Je ne les lis déjà pas, disait-il ; si, en plus, je ne les achetais pas, ce serait commettre un péché et ne pas faire pénitence. »

 

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