Imitation de la vie, Antoine Mouton

Imitation de la vie, Antoine Mouton

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Editions Christian Bourgois, 184 pages

Toujours d’une remarquable oralité, ici Antoine Mouton semble expulser un récit qui prend la forme d’une plaisanterie, sinon d’une tentative d’explication s’anéantissant à mesure que l’histoire devient fantastique, étrange. Une fêlure agit au cœur de ces comédies de couples, concubinages et cohabitations. Emir tente de recoller des morceaux, résultat d’une déchirure née d’un événement tragique, de l’indifférence, de la vie qui s’érige sur des disparitions. Le récit se fond dans un tournoiement d’absurdités, de rire, avec un effet cathartique très bien venu.

« Il ne dessinait plus. Les murs du salon était couverts de prospectus punaisés qu’il se contentait de rayer d’un, deux ou quatre traits (jamais trois) selon le dégoût qu’ils lui inspiraient. Le dégoût lui-même était une interprétation caduque, car François, quand je l’interrogeais à ce sujet, niait toute volonté d’avoir exprimé quelque chose qui fût de l’ordre d’une émotion. « J’organise les images que le monde m’envoie. » Telle était son oeuvre désormais. Il passait des heures, encastré dans son canapé, à observer les murs ainsi tapissés, élaborant à l’occasion une théorie macabre au sujet de la nouvelle piscine municipale (« une fosse commune », psalmodiait-il), des restaurants chinois et japonais, ou bien à peu près de n’importe quoi, « conspiration » était le mot revenant le plus régulièrement, à défaut d’inspiration, mettre un terme à son discours. »

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